La neige en deuil d' Henri Troyat
Chapitre 9
Il regarda encore cette purée de ténèbres grises, que le vent brassait en silence. Et soudain, à des distances incalculables, il lui sembla discerner une lueur. La vallée. Les premières maisons. Lointaines encore. Mais sûrement désignées. Ses mains pressaient le corps de la femme pour lui communiquer un regain d'espoir. Il inclina la figure jusqu'à toucher de son souffle cette petite personne précieuse, pelotonnée dans la chaleur et la force de ses bras. L'oreille de l'inconnue était posée comme un coquillage entre deux mèches de cheveux noirs, poudrés de grésil.
-Madame, dit-il, nous sommes tout près maintenant.
Il crut qu'elle lui souriait. Les lèvres tirées. Les paupières à demi closes. Elle ne respirait plus. Mais elle lui souriait. Un flot d'allégresse l'envahit. Toutes les veines de son corps chantaient. Son âme était en fête. Il se remit en marche, les épaules droites, le tête levée, portant contre sa poitrine ce poids de chair inerte dont il ne savait pas le nom.
Chapitre 9
Il regarda encore cette purée de ténèbres grises, que le vent brassait en silence. Et soudain, à des distances incalculables, il lui sembla discerner une lueur. La vallée. Les premières maisons. Lointaines encore. Mais sûrement désignées. Ses mains pressaient le corps de la femme pour lui communiquer un regain d'espoir. Il inclina la figure jusqu'à toucher de son souffle cette petite personne précieuse, pelotonnée dans la chaleur et la force de ses bras. L'oreille de l'inconnue était posée comme un coquillage entre deux mèches de cheveux noirs, poudrés de grésil.
-Madame, dit-il, nous sommes tout près maintenant.
Il crut qu'elle lui souriait. Les lèvres tirées. Les paupières à demi closes. Elle ne respirait plus. Mais elle lui souriait. Un flot d'allégresse l'envahit. Toutes les veines de son corps chantaient. Son âme était en fête. Il se remit en marche, les épaules droites, le tête levée, portant contre sa poitrine ce poids de chair inerte dont il ne savait pas le nom.