Le temps des secrets de Marcel Pagnol
Chapitre 1
François, les jambes écartées, lançait sa faux à la volée. Lili le suivait, et liait en gerbes les javelles... C'était du blé noir, le froment du pauvre. Les épis étaient clairsemés, et il y avait même de grands vides, où les lapins avaient mangé ce blé en herbe, comme font les enfants prodigues; puis après la mort de l'épouvantail, que les rats avaient déshabillé, les geais, les pies et les perdreaux avaient picoré tout à leur aise les grains mûrissants.
Comme je déplorais ces ravages, François se mit à rire, et dit:
"Ne pleure pas pour le blé perdu: ils l'ont payé!"
Lili m'apprit, en effet, que son père avait pris dans ce champ deux ou trois lapins par jour, auxquels étaient venues s'ajouter, quand les épis furent formés, une douzaine de jeunes perdrix.
"Je fais ça chaque année, dit François. Après, on ramasse ce qui reste pour le poulailler..."
Chapitre 1
François, les jambes écartées, lançait sa faux à la volée. Lili le suivait, et liait en gerbes les javelles... C'était du blé noir, le froment du pauvre. Les épis étaient clairsemés, et il y avait même de grands vides, où les lapins avaient mangé ce blé en herbe, comme font les enfants prodigues; puis après la mort de l'épouvantail, que les rats avaient déshabillé, les geais, les pies et les perdreaux avaient picoré tout à leur aise les grains mûrissants.
Comme je déplorais ces ravages, François se mit à rire, et dit:
"Ne pleure pas pour le blé perdu: ils l'ont payé!"
Lili m'apprit, en effet, que son père avait pris dans ce champ deux ou trois lapins par jour, auxquels étaient venues s'ajouter, quand les épis furent formés, une douzaine de jeunes perdrix.
"Je fais ça chaque année, dit François. Après, on ramasse ce qui reste pour le poulailler..."