Les Lettres de mon moulin d'Alphonse Daudet
L' Arlésienne
Pour aller au village, en descendant de mon moulin, on passe devant un mas bâti près de la route au fond d'une grande cour plantée de micocouliers. C'est la vraie maison du ménager de Provence, avec ses tuiles rouges, sa large façade brune irrégulièrement percée, puis tout en haut la girouette du grenier, la poulie pour hisser les meules et quelques touffes de foin brun qui dépassent...
Pourquoi cette maison m'avait-elle frappé? Pourquoi ce portail fermé me serrait-il le coeur? Je n'aurais pas pu le dire, et pourtant ce logis me faisait froid. Il y avait trop de silence autour... Quand on passait, les chiens n'aboyaient pas, les pintades s'enfuyaient sans crier... A l'intérieur, pas une voix! Rien, pas même un grelot de mule... Sans les rideaux blancs des fenêtres et la fumée qui montait des toits, on aurait cru l'endroit inhabité.
Hier, sur le coup de midi, je revenais du village, et, pour éviter le soleil, je longeais les murs de la ferme, dans l'ombre des micocouliers...
Ce conte a paru dans l'Evénement du 31 Août 1866. Daudet y narre, sans presque rien y changer, un drame effectivement survenu en 1862 au Mas-du-Juge, lieu de naissance de Mistral; un petit neveu de ce dernier fut la victime de cette aventure. D'ailleurs, le 12 Décembre 1869, l'auteur de Mireille écrit à Daudet:" Le fait est raconté comme si tu l'avais vu." Quant à la vraie Arlésienne, elle était de Béziers. Plus tard, Daudet tira de ce récit un drame en trois actes, musique de Georges Bizet (1872)
Frédéric Mistral= écrivain et lexicologue de langue d'oc. Né à Maillane en 1830 et mort en 1914; auteur du Félibrige: association littéraire de sept amis provençaux en 1854.
ménager=petit exploitant agricole
L' Arlésienne
Pour aller au village, en descendant de mon moulin, on passe devant un mas bâti près de la route au fond d'une grande cour plantée de micocouliers. C'est la vraie maison du ménager de Provence, avec ses tuiles rouges, sa large façade brune irrégulièrement percée, puis tout en haut la girouette du grenier, la poulie pour hisser les meules et quelques touffes de foin brun qui dépassent...
Pourquoi cette maison m'avait-elle frappé? Pourquoi ce portail fermé me serrait-il le coeur? Je n'aurais pas pu le dire, et pourtant ce logis me faisait froid. Il y avait trop de silence autour... Quand on passait, les chiens n'aboyaient pas, les pintades s'enfuyaient sans crier... A l'intérieur, pas une voix! Rien, pas même un grelot de mule... Sans les rideaux blancs des fenêtres et la fumée qui montait des toits, on aurait cru l'endroit inhabité.
Hier, sur le coup de midi, je revenais du village, et, pour éviter le soleil, je longeais les murs de la ferme, dans l'ombre des micocouliers...
Ce conte a paru dans l'Evénement du 31 Août 1866. Daudet y narre, sans presque rien y changer, un drame effectivement survenu en 1862 au Mas-du-Juge, lieu de naissance de Mistral; un petit neveu de ce dernier fut la victime de cette aventure. D'ailleurs, le 12 Décembre 1869, l'auteur de Mireille écrit à Daudet:" Le fait est raconté comme si tu l'avais vu." Quant à la vraie Arlésienne, elle était de Béziers. Plus tard, Daudet tira de ce récit un drame en trois actes, musique de Georges Bizet (1872)
Frédéric Mistral= écrivain et lexicologue de langue d'oc. Né à Maillane en 1830 et mort en 1914; auteur du Félibrige: association littéraire de sept amis provençaux en 1854.
ménager=petit exploitant agricole
Dernière édition par Yves le Lun 12 Juin - 10:06, édité 2 fois