Le château de ma mère
Il faut que je situe un peu les choses qui sont dites dans le premier volume, "La gloire de mon père." La famille Pagnol habite Marseille où le papa de Marcel, Joseph, est instituteur. Ils ont deux enfants: Marcel et Paul. Ils louent pour les vacances une vieille maison qui se trouve près d'Aubagne, dans les collines, au pied du Garlaban, le massif qui domine la ville. La tante Rose et l'oncle Jules les rejoignent pour des parties de chasse. Eux ont un garçon, le petit Pierre. Marcel et sa famille prennent le tramway jusqu'au bout de la ville de Marseille et continuent à pied, parcourant une dizaine de kilomètres avant d'arriver à la Treille, le lieu-dit où se trouve la vieille maison qu'ils louent, dans la commune d' Aubagne.
L'aube était fraîche. Quelques planètes apeurées clignotaient, toutes pâles. Sur les barres du plan de l' Aigle, le bord de la nuit amincie était brodé de brumes blanches, et dans la pinède du Petit-Oeil, une chouette mélancolique faisait ses adieux aux étoiles.
Nous montions, tout le long de l'aurore, jusqu'aux pierres rouges de Redouneou. Mais nous y passions sans bruit, parce que Baptistin, le fils de François, y faisait le poste aux ortolans, à grand renfort de vergettes et de glu: il en avait souvent jusque dans les cheveux.
Nous arrivions ensuite, marchant dans l'ombre en file indienne, au jas de Baptiste. C'était une bergerie où notre ami François dormait quelquefois avec ses chèvres: là, sur la longue plaine qui montait vers le Taoumé, les rayons rouges du soleil nouveau faisaient peu à peu surgir les pins, les cades, les messugues, et comme un navire qui sort de la brume, la haute proue du pic solitaire se dressait soudain devant nous.
Il faut que je situe un peu les choses qui sont dites dans le premier volume, "La gloire de mon père." La famille Pagnol habite Marseille où le papa de Marcel, Joseph, est instituteur. Ils ont deux enfants: Marcel et Paul. Ils louent pour les vacances une vieille maison qui se trouve près d'Aubagne, dans les collines, au pied du Garlaban, le massif qui domine la ville. La tante Rose et l'oncle Jules les rejoignent pour des parties de chasse. Eux ont un garçon, le petit Pierre. Marcel et sa famille prennent le tramway jusqu'au bout de la ville de Marseille et continuent à pied, parcourant une dizaine de kilomètres avant d'arriver à la Treille, le lieu-dit où se trouve la vieille maison qu'ils louent, dans la commune d' Aubagne.
L'aube était fraîche. Quelques planètes apeurées clignotaient, toutes pâles. Sur les barres du plan de l' Aigle, le bord de la nuit amincie était brodé de brumes blanches, et dans la pinède du Petit-Oeil, une chouette mélancolique faisait ses adieux aux étoiles.
Nous montions, tout le long de l'aurore, jusqu'aux pierres rouges de Redouneou. Mais nous y passions sans bruit, parce que Baptistin, le fils de François, y faisait le poste aux ortolans, à grand renfort de vergettes et de glu: il en avait souvent jusque dans les cheveux.
Nous arrivions ensuite, marchant dans l'ombre en file indienne, au jas de Baptiste. C'était une bergerie où notre ami François dormait quelquefois avec ses chèvres: là, sur la longue plaine qui montait vers le Taoumé, les rayons rouges du soleil nouveau faisaient peu à peu surgir les pins, les cades, les messugues, et comme un navire qui sort de la brume, la haute proue du pic solitaire se dressait soudain devant nous.
Dernière édition par Yves le Lun 12 Oct - 0:49, édité 1 fois