Le château de ma mère de Marcel Pagnol
Chapitre 26
Le troisième château, celui du notaire, nous réservait une autre alerte, et une autre surprise.
Un jour, comme nous franchissions, sans trop nous presser, une éclaircie de la haie, une voix puissante et furieuse nous épouvanta. Elle criait:
"Hé là-bas, où allez-vous?"
Nous vîmes un paysan d'une quarantaine d'années, qui fonçait vers nous au pas de course, en brandissant une fourche. Il avait une épaisse tignasse frisée, et une forte moustache noire, hérissée comme celle d'un chat.
Mon père, assez ému, feignait de ne pas l'avoir vu et rédigeait une note sur le carnet protecteur; mais l'homme était animé d'une véritable fureur, et il arrivait au galop: la main de ma mère trembla dans la mienne, et Paul, terrorisé, plongea dans un buisson.
Ce meurtrier s'arrêta soudain à quatre pas. Levant sa fourche, les dents vers le ciel, aussi haut qu'il put, il en planta le manche dans le sol.
Chapitre 26
Le troisième château, celui du notaire, nous réservait une autre alerte, et une autre surprise.
Un jour, comme nous franchissions, sans trop nous presser, une éclaircie de la haie, une voix puissante et furieuse nous épouvanta. Elle criait:
"Hé là-bas, où allez-vous?"
Nous vîmes un paysan d'une quarantaine d'années, qui fonçait vers nous au pas de course, en brandissant une fourche. Il avait une épaisse tignasse frisée, et une forte moustache noire, hérissée comme celle d'un chat.
Mon père, assez ému, feignait de ne pas l'avoir vu et rédigeait une note sur le carnet protecteur; mais l'homme était animé d'une véritable fureur, et il arrivait au galop: la main de ma mère trembla dans la mienne, et Paul, terrorisé, plongea dans un buisson.
Ce meurtrier s'arrêta soudain à quatre pas. Levant sa fourche, les dents vers le ciel, aussi haut qu'il put, il en planta le manche dans le sol.