Le château de ma mère de Marcel Pagnol
Chapitre 26
Paul et moi, nous dansions au soleil et nous chantions avec une joie satanique:
"Il va crever! il va crever!"
Depuis ce jour-là, à chaque passage, l'homme à la fourche, qui s'appelait Dominique, nous fit grand accueil.
Nous passions toujours sous la berge, au bord du champ, et nous trouvions Dominique au travail.
Il piochait la vigne, ou binait des pommes de terre, ou liait des tomates.
Mon père disait, avec un clin d'oeil complice:
"Voilà la famille Esménard qui passe, et qui vous salue bien."
Dominique clignait de l'oeil à son tour, et riait longuement de la plaisanterie hebdomadaire. Puis il s'écriait:
"Salut Esménard Victor!"
Et mon père riait à son tour, et toute la famille poussait des cris de joie.
Ma mère lui offrait alors un paquet de tabac pour sa pipe, cadeau mortel qu'il acceptait sans façon.
Chapitre 26
Paul et moi, nous dansions au soleil et nous chantions avec une joie satanique:
"Il va crever! il va crever!"
Depuis ce jour-là, à chaque passage, l'homme à la fourche, qui s'appelait Dominique, nous fit grand accueil.
Nous passions toujours sous la berge, au bord du champ, et nous trouvions Dominique au travail.
Il piochait la vigne, ou binait des pommes de terre, ou liait des tomates.
Mon père disait, avec un clin d'oeil complice:
"Voilà la famille Esménard qui passe, et qui vous salue bien."
Dominique clignait de l'oeil à son tour, et riait longuement de la plaisanterie hebdomadaire. Puis il s'écriait:
"Salut Esménard Victor!"
Et mon père riait à son tour, et toute la famille poussait des cris de joie.
Ma mère lui offrait alors un paquet de tabac pour sa pipe, cadeau mortel qu'il acceptait sans façon.