Voici la suite des Lettres de mon moulin d'Alphonse Daudet.
La diligence de Beaucaire
Les rires redoublèrent. Le rémouleur ne bougea pas; il se contenta de dire tout bas, sans lever la tête:
"Tais-toi, boulanger."
Mais ce diable de boulanger n'avait pas envie de se taire, et li reprit de plus belle:
"Viédase! Le camarade n'est pas à plaindre d'avoir une femme comme celle-là... Pas moyen de s'ennuyer un moment avec elle... Pensez donc! une belle qui se fait enlever tous les six mois, elle a toujours quelque chose à vous raconter quand elle revient... C'est égal, c'est un drôle de petit ménage... Figurez-vous, monsieur, qu'ils n'étaient pas mariés depuis un an, paf! voilà la femme qui part en Espagne avec un marchand de chocolat.
"Le mari reste seul chez lui à pleurer et à boire... Il était comme fou. Au bout de quelque temps, la belle est revenue dans le pays, habillée en Espagnole avec un petit tambour à grelots. Nous lui disions tous:
"Cache-toi; il va te tuer."
-Ah! ben oui; la tuer... Ils se sont remis ensemble bien tranquillement, et elle lui a appris à jouer du tambour de basque."
Il y eut une nouvelle explosion de rires. Dans son coin, sans lever la tête, le rémouleur murmura encore:
"Tais-toi, boulanger."
Le tambourin à grelots est appelé aussi tambour de basque.
viédase=juron grossier qui a pris un sens familier
La diligence de Beaucaire
Les rires redoublèrent. Le rémouleur ne bougea pas; il se contenta de dire tout bas, sans lever la tête:
"Tais-toi, boulanger."
Mais ce diable de boulanger n'avait pas envie de se taire, et li reprit de plus belle:
"Viédase! Le camarade n'est pas à plaindre d'avoir une femme comme celle-là... Pas moyen de s'ennuyer un moment avec elle... Pensez donc! une belle qui se fait enlever tous les six mois, elle a toujours quelque chose à vous raconter quand elle revient... C'est égal, c'est un drôle de petit ménage... Figurez-vous, monsieur, qu'ils n'étaient pas mariés depuis un an, paf! voilà la femme qui part en Espagne avec un marchand de chocolat.
"Le mari reste seul chez lui à pleurer et à boire... Il était comme fou. Au bout de quelque temps, la belle est revenue dans le pays, habillée en Espagnole avec un petit tambour à grelots. Nous lui disions tous:
"Cache-toi; il va te tuer."
-Ah! ben oui; la tuer... Ils se sont remis ensemble bien tranquillement, et elle lui a appris à jouer du tambour de basque."
Il y eut une nouvelle explosion de rires. Dans son coin, sans lever la tête, le rémouleur murmura encore:
"Tais-toi, boulanger."
Le tambourin à grelots est appelé aussi tambour de basque.
viédase=juron grossier qui a pris un sens familier
Dernière édition par Yves le Lun 13 Mar - 4:11, édité 3 fois