Elpida a écrit:Le poète Χρίστος Γ. Παπαδόπουλος à qui j'ai consacré un sujet, a écrit les paroles de chansons dédiées à Μάνος Χατζιδάκις, sur la musique de son "complice" Δημήτρης Μαρκατόπουλος et avec le chanteur Παντελής Θεοχαρίδης. "Τα τραγούδια του χαμένου ποιητή"
http://toaromatoutragoudiou.blogspot.fr/2008/09/blog-post_09.html
J'ai entrepris de traduire cet article (celui du blog to aroma tou tragoudiou)pour le rendre accessible aux francophones sur
http://hadjidakis.wordpress.com/Pouvez-vous me donner votre avis sur ma traduction? J'ai pris quelques libertés quand ça me semblait nécessaire, mais j'espère qu'il n'y a aucun gros contre-sens!
Je n'ai vraiment pas réussi à traduire cet extrait de chanson...:
Στη λερή ταβέρνα, στα σφαγεία βγαίνω Σάββατο
μια πλανόδια φωτογραφία με το θάνατο.
Πίνω μ’ άλλους δυο απ’ το ποτήρι και σηκώνομαι,
με της εφηβείας τους τη γύρη φαρμακώνομαι.
Mais voilà pour le reste :
Le compositeur Dimitris Makratopoulos, nous l'avons découvert pour la première fois en 1991 quand il a participé avec le parolier Christos G. Mapadopoulos au « premier concours de la chanson grecque » qu'avait organisé Manos Hadjidakis à Kalamata ( il s'agissait, d'une certaine manière, de la renaissance de la légendaire « compétition de la chanson grecque » qu'il avait auparavant organisée à Corfou en 1981 et 1982).
Leur participation au concours et leur relation avec Manos Hadjidakis mena les deux auteurs chez ce dernier, où ils lui présentèrent un cycle de chansons, lui demandant son avis.
La réponse de Manos Hadjidakis vint dès le jour suivant : « Les chansons du poète perdu, nous les publierons chez Sirios ! »
« Les chansons du poète perdu » n'ont finalement pas été publiées du vivant de Manos Hadjidakis. Leur publication a eu lieu en 2001 (environ 9 ans après que Hadjidakis ait donné son accord) et Sirios présenta alors un travail discographique parmi les plus aboutis qu'il ait à son actif depuis 1996.
Les chansons du disques ont été interprétées par Pandelis Theocharidis (connu surtout pour son inégalable interprétation de « Mikri patrida » (« petite patrie ») de Andreou et Karasoulou), illuminant les chansons de sa voix et ajoutant ainsi à son répertoire un excellent travail, ce à quoi il nous a habitués ces dernières années.
Dimitris Markatopoulos et Christos G. Papadopoulos notent à propos des « chansons du poète perdu » :
Ce sont des chansons que n'ont pas écrites ceux qui les ont signées.
Elles existaient, éparpillées, dispersées, depuis toujours. Éternelles, comme dieu et comme l'amour. Partie intégrante de l'univers. Transmises, à tâtons, par les hommes qui sont venus et repartis, par ceux qui sont venus et sont restés. Elles rayonnent de l'énergie de ceux qui sont encore à venir.
Ceux qui les ont engendrées, délibérément ou non, sont les poètes. Des poètes perdus, pour l'essentiel.
L'un a laissé une syllabe, une note, une virgule, un sifflement mélodieux. Certains, peut-être, ont laissé une phrase toute entière, une ligne de contrepoint. D'autres encore ont produit un contre-chant.
Signes de ponctuation du temps. Des points finaux, les disparus. Des points d'exclamations, les présents. Et l'avenir, plein d'interrogations.
Signes innombrables de l'existence d'une entité accomplie, présente, inéluctable.
Douze chansons adoptées du poète perdu de ce monde.
« Les chansons du poète perdu » constituent une des plus belles réalisations de l'art de la chanson de cette décennie. La musique de Markatopoulos, esthétiquement, suit les traces de celle de Hadjidakis, sans pour autant la copier (comment le pourrait-elle, de toute façon?) ni imiter artificiellement un « style Hadjidakis ».
Si l'on reconnaît, au travers de ses chansons, l'influence de la musique de Hadjidakis, Markatopoulos se distingue cependant par une écriture personnelle, le regard tourné vers l'essence même de la chanson. Ses mélodies sont inspirées et substantielles. Chaque chanson à sa propre identité mais fait partie d'un ensemble plus large d'excellente musique qui ne se contente jamais de solutions rapides et de mélodies simplistes. L'audition des « Chansons du poète perdu » demande une attention particulière à celui qui veut en percevoir toute la richesse. Cela ne signifie pas nécessairement qu'il s'agit de chansons « difficiles » ; c'est là que réside d'ailleurs toute leur valeur : elles font vibrer nos cordes sensibles de manière très particulière et laissent derrière elles un délicieux arrière-goût de chansons essentielles et authentiques.
Markatopoulos orchestre les morceaux avec inspiration et savoir-faire. Les cuivres, les cordes, la mandoline et le piano cohabitent harmonieusement et occupent des rôles de premier plan quand il s'agit de porter toute la sensibilité de la musique et du texte. Sur ce point, il vaut la peine de dire que ce sont de vrais instruments qui sont utilisés dans toutes les chansons du disque, et non pas des synthétiseurs, des samples ou tout autre moyen de reproduction du son. Un ensemble d'environ 20 solistes (!) sert avec une remarquable précision les chansons du disque, contribuant de manière décisive au résultat final. Esthétiquement, « Les chansons du poète perdu » rappellent cette époque de la discographie grecque, avant que l'on ne « découvre » la solution facile et bon marché de la reproduction du son par une machine.
Les textes de Christos G. Papadopoulos sont parmi les éléments les plus forts du disques. Lyrique, populaire, profondément poétique, l'écriture de Papadopoulos s'appuie droit sur notre sensibilité et élève les sentiments avec des paroles inspirées :
Ανασαίνω μες στη σκόνη των χαμένων μου επαφών.
Όλοι έρχονται και γράφουν… Και τι έγινε λοιπόν;
Σφουγγαράκι το κορμί μου σ’ ένα μαύρο πίνακα,
της αγάπης μου τα λάθη διορθώνει μαγικά.
Από το τραγούδι «Σφουγγαράκι»
Je respire dans la poussière de mes contacts perdus
Tous viennent et écrivent.... Que se passe-t-il alors ?
Mon corps, petite éponge, sur le tableau noir,
efface, par magie, les erreurs de mon amour.
De la chanson « petite éponge »
Μέχρι να ‘ρθει ο έρωτας γλυκά να με μαγέψει,
ποιος ουρανός, ποια θάλασσα, ποια γη θα με αντέξει…
Από το τραγούδι «Αναμονή»
Jusqu'à ce que vienne l'amour, doucement, m'ensorceler,
quel ciel, quelle mer, quelle terre va me supporter ?
De la chanson « l'attente »
Θα ‘ρθείς με πόθου λεωφορεία,
του δρόμου την ανία
μη φοβηθείς.
Αν είχες τα φτερά μου,
το πέταγμά σου θα ‘μουν,
μην κουραστείς.
Από το τραγούδι «Στην αρχή του αιώνα»
Tu viendras par le bus du désir,
ne crains pas l'ennui de la route.
Si tu avais mes ailes,
je serais ton envol,
ne te fatigue pas.
De la chanson « au début du siècle »
Les paroles des « Chansons du poète perdu » parlent de l'amour et de la perte, des passions et des voyages de l'esprit – mais également de l'absurdité du service militaire – avec une poésie qui requiert tout le talent et toute la culture de leur auteur. Elles nécessitent surtout un public qui ne se contente pas de petites paroles aimables et de messages faciles.
Avec les paroles de Papadopoulos, il se passe exactement la même chose que ce que nous avons décrit à propos de la musique de Markatopoulos. Rien n'est laissé au hasard. Chaque mot est à sa place pour faire vibrer la cordes sensible de l'auditeur et créer des histoires dans lesquelles il peut voyager.
Outre les paroles de Papadopoulos, les textes de deux des chansons ont été signées par Yannis Tsatsopoulos (connu pour sa participation aux premiers disques de Sokratis Malama). Également poétiques et significatifs, ils apportent leur propre touche à l’esthétique globale du disque :
Στη λερή ταβέρνα, στα σφαγεία βγαίνω Σάββατο
μια πλανόδια φωτογραφία με το θάνατο.
Πίνω μ’ άλλους δυο απ’ το ποτήρι και σηκώνομαι,
με της εφηβείας τους τη γύρη φαρμακώνομαι.
Από το τραγούδι «Το χασάπικο του» λούμπεν
J'ai gardé pour la fin l'excellente interprétation de Pandelis Théocharidis. Je crois que les « chansons du poète perdu » ne pouvaient trouver meilleur interprète. Il est une des figures les plus modestes et cependant les plus importantes de la chanson en Grèce et tout ce qu'il a chanté jusqu'à maintenant se distingue par sa qualité et son résultat parfait.
Dans les « Chansons du poète perdu », son interprétation détermine pour une large part le résultat final. Il fait partie de cette catégorie de chanteurs qui, avant toute chose, commencent par écouter une chanson en profondeur, puis la passent au travers de leurs filtres personnels, se l'approprient et, ensuite seulement, l'interprètent. Dans de telles conditions, alors, le résultat est réellement abouti.
J'oserais même dire que la manière dont il aborde ces « chansons du poète perdu » n'est pas sans rappeler les interprétations antérieures de certains de ses éminents collègues comme Maria Dimitriadi dans les « Chansons pour Eleni » ou Dimitris Psarianos dans « Magnus Eroticus » de Hadjidakis.
Il mérite amplement qu'on l'écoute dans « Dafnès » et « Quid donum », « La parade » et « Ousiastiko », ainsi que dans toutes les autres chansons du disque.