Lettres de mon moulin d' Alphonse Daudet
L'élixir du révérend père Gaucher,
Effectivement, à partir de ce moment-là, tous les soirs à la fin des complies, l'officiant ne manquait jamais de dire:
"Prions pour notre pauvre père Gaucher, qui sacrifie son âme aux intérêts de la communauté...Oremus, Domine..."
Et pendant que sur toutes ces capuches blanches, prosternées dans l'ombre des nefs, l'oraison courait en frémissant comme une petite bise sur la neige, là-bas, tout au bout du couvent, derrière le vitrage enflammé de la distillerie, on entendait le père Gaucher qui chantait à tue-tête:
Dans Paris il y a un père blanc,
Patatin, patatan, taraban, tarabin;
Dans Paris il y a un père blanc,
Qui fait danser des moinettes,
Trin, trin, trin, dans un jardin;
Qui fait danser des...
...Ici, le bon curé s'arrêta plein d'épouvante:
"Miséricorde! si mes paroissiens m'entendaient!"
fin.
L'élixir du révérend père Gaucher,
Effectivement, à partir de ce moment-là, tous les soirs à la fin des complies, l'officiant ne manquait jamais de dire:
"Prions pour notre pauvre père Gaucher, qui sacrifie son âme aux intérêts de la communauté...Oremus, Domine..."
Et pendant que sur toutes ces capuches blanches, prosternées dans l'ombre des nefs, l'oraison courait en frémissant comme une petite bise sur la neige, là-bas, tout au bout du couvent, derrière le vitrage enflammé de la distillerie, on entendait le père Gaucher qui chantait à tue-tête:
Dans Paris il y a un père blanc,
Patatin, patatan, taraban, tarabin;
Dans Paris il y a un père blanc,
Qui fait danser des moinettes,
Trin, trin, trin, dans un jardin;
Qui fait danser des...
...Ici, le bon curé s'arrêta plein d'épouvante:
"Miséricorde! si mes paroissiens m'entendaient!"
fin.