Les Lettres de mon moulin d' Alphonse Daudet
Le poète Mistral
Dimanche dernier, en me levant, j'ai cru me réveiller rue du Faubourg-Montmartre. Il pleuvait, le ciel était gris, le moulin triste. J'ai eu peur de passer chez moi cette froide journée de pluie, et tout de suite l'envie m'est venue d'aller me réchauffer un brin auprès de Frédéric Mistral, ce grand poète qui vit à trois lieues de mes pins, dans son petit village de Maillane.
Sitôt pensé, sitôt parti; une trique en bois de myrte, mon Montaigne, une couverture, et en route!
Personne aux champs... Notre belle Provence catholique laisse la terre se reposer le dimanche... Les chiens seuls au logis, les fermes closes... De loin en loin, une charrette de roulier avec sa bâche ruisselante, une vieille encapuchonnée dans sa mante feuille-morte, des mules en tenue de gala, housse de sparterie bleue et blanche, pompon rouge, grelots d'argent - emportant au petit trot une carriole de gens de mas qui vont à la messe; puis, là-bas, à travers la brume, une barque sur la roubine et un pêcheur debout qui lance son épervier...
Texte paru dans l'Evénement du 21 Septembre 1866. Le récit se présente comme une sorte de reportage sur le vif (genre alors à la mode, Maupassant fait de même en 1881 à l'égard de Zola). Le récit apparaît aussi comme une réclame destinée au Calendal de Mistral qui allait paraître en Janvier 1867. Au-delà de cet aspect utilitaire des choses, Daudet nourrissait une grande admiration à l'égard de Mistral qui était pour lui le grand poète de la terre provençale et comme un père spirituel.
sparterie=ouvrage tressé en matière végétale.
Michel de Montaigne - (1533-1592)= auteur des Essais
Le poète Mistral
Dimanche dernier, en me levant, j'ai cru me réveiller rue du Faubourg-Montmartre. Il pleuvait, le ciel était gris, le moulin triste. J'ai eu peur de passer chez moi cette froide journée de pluie, et tout de suite l'envie m'est venue d'aller me réchauffer un brin auprès de Frédéric Mistral, ce grand poète qui vit à trois lieues de mes pins, dans son petit village de Maillane.
Sitôt pensé, sitôt parti; une trique en bois de myrte, mon Montaigne, une couverture, et en route!
Personne aux champs... Notre belle Provence catholique laisse la terre se reposer le dimanche... Les chiens seuls au logis, les fermes closes... De loin en loin, une charrette de roulier avec sa bâche ruisselante, une vieille encapuchonnée dans sa mante feuille-morte, des mules en tenue de gala, housse de sparterie bleue et blanche, pompon rouge, grelots d'argent - emportant au petit trot une carriole de gens de mas qui vont à la messe; puis, là-bas, à travers la brume, une barque sur la roubine et un pêcheur debout qui lance son épervier...
Texte paru dans l'Evénement du 21 Septembre 1866. Le récit se présente comme une sorte de reportage sur le vif (genre alors à la mode, Maupassant fait de même en 1881 à l'égard de Zola). Le récit apparaît aussi comme une réclame destinée au Calendal de Mistral qui allait paraître en Janvier 1867. Au-delà de cet aspect utilitaire des choses, Daudet nourrissait une grande admiration à l'égard de Mistral qui était pour lui le grand poète de la terre provençale et comme un père spirituel.
sparterie=ouvrage tressé en matière végétale.
Michel de Montaigne - (1533-1592)= auteur des Essais
Dernière édition par Yves le Sam 21 Juil - 3:47, édité 3 fois