Les Lettres de mon moulin d' Alphonse Daudet
Le poète Mistral
Vous comprenez, on a toujours une strophe à polir, une rime plus sonore à trouver... Mistral a beau écrire en provençal, il travaille ses vers comme si tout le monde devait les lire dans la langue et lui tenir compte de ses efforts de bon ouvrier... Oh! le brave poète, et que c'est bien Mistral dont Montaigne aurait pu dire: "Souvienne-vous de celuy à qui, comme on demandoit à quoy faire il se peinoit si fort en un art qui ne pouvoit venir à la cognoissance de guère de gens. J'en ay assez de peu, répondit-il. J'en ay assez d'un. J'en ay assez de pas un."
Je tenais le cahier de Calendal entre mes mains, et je le feuilletais, plein d'émotion... Tout à coup une musique de fifres et de tambourins éclate dans la rue, devant la fenêtre, et voilà mon Mistral qui court à l'armoire, en tire des verres, des bouteilles, traîne la table au milieu du salon, et ouvre la porte aux musiciens en me disant:
"Ne ris pas... Ils viennent me donner l'aubade... je suis conseiller municipal."
L'extrait est tiré des Essais de Montaigne, livre 1, chap. XXXIX Souvenez-vous de celui à qui on demandait pourquoi il se donnait tant de peine pour un art qui n'était accessible qu'à très peu de personnes, et qui répondit : Je me contente de quelques-unes, répondit-il, d'une seule, et même d'aucune.
Mistral avait été réélu conseiller municipal de Maillane en 1865.
Le poète Mistral
Vous comprenez, on a toujours une strophe à polir, une rime plus sonore à trouver... Mistral a beau écrire en provençal, il travaille ses vers comme si tout le monde devait les lire dans la langue et lui tenir compte de ses efforts de bon ouvrier... Oh! le brave poète, et que c'est bien Mistral dont Montaigne aurait pu dire: "Souvienne-vous de celuy à qui, comme on demandoit à quoy faire il se peinoit si fort en un art qui ne pouvoit venir à la cognoissance de guère de gens. J'en ay assez de peu, répondit-il. J'en ay assez d'un. J'en ay assez de pas un."
Je tenais le cahier de Calendal entre mes mains, et je le feuilletais, plein d'émotion... Tout à coup une musique de fifres et de tambourins éclate dans la rue, devant la fenêtre, et voilà mon Mistral qui court à l'armoire, en tire des verres, des bouteilles, traîne la table au milieu du salon, et ouvre la porte aux musiciens en me disant:
"Ne ris pas... Ils viennent me donner l'aubade... je suis conseiller municipal."
L'extrait est tiré des Essais de Montaigne, livre 1, chap. XXXIX Souvenez-vous de celui à qui on demandait pourquoi il se donnait tant de peine pour un art qui n'était accessible qu'à très peu de personnes, et qui répondit : Je me contente de quelques-unes, répondit-il, d'une seule, et même d'aucune.
Mistral avait été réélu conseiller municipal de Maillane en 1865.