La neige en deuil d' Henri Troyat
Chapitre 1
Isaïe riait et caressait de la main gauche le ventre de soie, le cou fragile et vibrant, où passait la voix de la peur. Puis, de la main droite, il attira le sac qui pendait sur son épaule et l'ouvrit pour y déposer son fardeau. Tenu dans la prison de toile, l'agnelet protestait encore à brefs coups de sabot. Une brebis se détacha du groupe.
-C'est toi, la mère? demanda Isaïe. Ne crains rien. Il est là... Et il lui donna le petit à sentir, pour la rassurer. Elle mâchait un restant d'herbe. De sa bouche active se dégageait une douce vapeur. Le soleil luisait rouge et lointain, dans un ciel brouillé de brumes. Les récentes chutes de neige avaient modifié l'aspect des plus hautes aiguilles. Des linges blancs, déchiquetés, s'accrochaient aux parois rocheuses. Une farine épaisse tapissait les éboulis dans les couloirs d'avalanches. Les premiers mélèzes étaient poudrés d'argent fin.
Chapitre 1
Isaïe riait et caressait de la main gauche le ventre de soie, le cou fragile et vibrant, où passait la voix de la peur. Puis, de la main droite, il attira le sac qui pendait sur son épaule et l'ouvrit pour y déposer son fardeau. Tenu dans la prison de toile, l'agnelet protestait encore à brefs coups de sabot. Une brebis se détacha du groupe.
-C'est toi, la mère? demanda Isaïe. Ne crains rien. Il est là... Et il lui donna le petit à sentir, pour la rassurer. Elle mâchait un restant d'herbe. De sa bouche active se dégageait une douce vapeur. Le soleil luisait rouge et lointain, dans un ciel brouillé de brumes. Les récentes chutes de neige avaient modifié l'aspect des plus hautes aiguilles. Des linges blancs, déchiquetés, s'accrochaient aux parois rocheuses. Une farine épaisse tapissait les éboulis dans les couloirs d'avalanches. Les premiers mélèzes étaient poudrés d'argent fin.