La neige en deuil d' Henri Troyat
Chapitre 3
-Tu es bien pressé! Tu vas chez Joseph, sans doute?
-Comment le sais-tu?
-Tous les hommes y sont.
Il fut pris d'une crainte irraisonnée:
-Tous les hommes? Pourquoi?
-Pour discuter. Il y a de quoi, paraît-il! Moi, je monte au bois, chercher quelques fagots...
Il la regarda s'éloigner, boiteuse et robuste, noire dans le gris du monde. Le gros chien roux la suivait, le nez fureteur, la queue en trompette.
Le village était désert. Du café de Joseph sortait une rumeur de vie. Isaïe poussa le battant et s'arrêta sur le seuil, aveuglé par la pénombre, assourdi par le bourdonnement des voix. Les pipes fumaient. Les visages bougeaient. Des chiens mouillés se séchaient derrière le poêle en fonte. Marcellin était installé devant la grande table, avec Belachi, Coloz, Rouby et Bardy.
-Entre, Isaïe, tu arrives bien! cria Joseph. Faites-lui une place. A côté de Marcellin. Faut pas les séparer, ces deux-là!...
Chapitre 3
-Tu es bien pressé! Tu vas chez Joseph, sans doute?
-Comment le sais-tu?
-Tous les hommes y sont.
Il fut pris d'une crainte irraisonnée:
-Tous les hommes? Pourquoi?
-Pour discuter. Il y a de quoi, paraît-il! Moi, je monte au bois, chercher quelques fagots...
Il la regarda s'éloigner, boiteuse et robuste, noire dans le gris du monde. Le gros chien roux la suivait, le nez fureteur, la queue en trompette.
Le village était désert. Du café de Joseph sortait une rumeur de vie. Isaïe poussa le battant et s'arrêta sur le seuil, aveuglé par la pénombre, assourdi par le bourdonnement des voix. Les pipes fumaient. Les visages bougeaient. Des chiens mouillés se séchaient derrière le poêle en fonte. Marcellin était installé devant la grande table, avec Belachi, Coloz, Rouby et Bardy.
-Entre, Isaïe, tu arrives bien! cria Joseph. Faites-lui une place. A côté de Marcellin. Faut pas les séparer, ces deux-là!...