La neige en deuil d' Henri Troyat
Chapitre 6
De cette bouche, ouverte au-dessus de lui, dévalait un maigre torrent de grésil. Il planta encore un piton. L'écho se superposait au choc, avec un léger décalage. Comme si deux maillets, l'un plus gros que l'autre, eussent frappé le même bout de métal, alternativement. Plus que sept mètres. Un troisième piton pour remplacer la prise manquante. La roche était pourrie. Le piton branlait. "Bon pour une fois."
-Où en es-tu? cria Marcellin.
-Je passe, dit Isaïe. File la corde...
Il n'avait jamais cessé d'exercer son métier de guide. Le corps n'avait rien oublié. Un peu moins de souffle que jadis, peut-être? "Ca reviendra." Le piton, mal établi, branlait sous son pied. Des deux mains, il agrippa l'avancée de la plate-forme, d'où pendaient des langues de glace. Ses muscles se tendaient douloureusement. Une déchirure courait sous la peau de ses bras. D'un rude effort, il se propulsa vers le sommet du passage. Le piton se décrocha, battit la pierre et fila vers le bas, en cliquetant à chaque ressaut. Mais, déjà, Isaïe avait pris appui, du pied droit, sur un bloc coincé, et s'était couché, à mi-corps, en travers du surplomb.
bouche=ouverture, passage
maillet= marteau à deux têtes en bois dur
grésil=pluie de petits granules de glace
branler= remuer, bouger
ressaut=partie qui avance, saillie d'une paroi
Chapitre 6
De cette bouche, ouverte au-dessus de lui, dévalait un maigre torrent de grésil. Il planta encore un piton. L'écho se superposait au choc, avec un léger décalage. Comme si deux maillets, l'un plus gros que l'autre, eussent frappé le même bout de métal, alternativement. Plus que sept mètres. Un troisième piton pour remplacer la prise manquante. La roche était pourrie. Le piton branlait. "Bon pour une fois."
-Où en es-tu? cria Marcellin.
-Je passe, dit Isaïe. File la corde...
Il n'avait jamais cessé d'exercer son métier de guide. Le corps n'avait rien oublié. Un peu moins de souffle que jadis, peut-être? "Ca reviendra." Le piton, mal établi, branlait sous son pied. Des deux mains, il agrippa l'avancée de la plate-forme, d'où pendaient des langues de glace. Ses muscles se tendaient douloureusement. Une déchirure courait sous la peau de ses bras. D'un rude effort, il se propulsa vers le sommet du passage. Le piton se décrocha, battit la pierre et fila vers le bas, en cliquetant à chaque ressaut. Mais, déjà, Isaïe avait pris appui, du pied droit, sur un bloc coincé, et s'était couché, à mi-corps, en travers du surplomb.
bouche=ouverture, passage
maillet= marteau à deux têtes en bois dur
grésil=pluie de petits granules de glace
branler= remuer, bouger
ressaut=partie qui avance, saillie d'une paroi
Dernière édition par Yves le Lun 15 Juil - 22:14, édité 1 fois