Le château de ma mère de Marcel Pagnol
Chapitre 6
A nos pieds, sous les plateaux des trois terrasses, plongeait le vallon du Jardinier, dont la pinède s'étendait jusqu'aux deux hautes parois rocheuses des gorges de Passe-Temps, qui plongeaient à leur tour entre deux plateaux désertiques.
A droite, et presque à notre hauteur, c'était la plaine en pente du Taoumé, où nos pièges étaient tendus.
A gauche du Jardinier, la barre, bordée de pins et de chênes-verts, marquait le bord du ciel.
Ce paysage, que j'avais toujours vu trembler sous le soleil, dans l'air dansant des chaudes journées, était maintenant figé, comme une immense crèche de carton.
Des nuages violets passaient sur nos têtes, et la lumière bleuâtre baissait de minute en minute, comme celle d'une lampe qui meurt.
Je n'avais pas peur, mais je sentais une inquiétude étrange, une angoisse profonde, animale.
Les parfums de la colline - et surtout celui des lavandes - étaient devenus des odeurs, et montaient du sol, presque visibles.
Chapitre 6
A nos pieds, sous les plateaux des trois terrasses, plongeait le vallon du Jardinier, dont la pinède s'étendait jusqu'aux deux hautes parois rocheuses des gorges de Passe-Temps, qui plongeaient à leur tour entre deux plateaux désertiques.
A droite, et presque à notre hauteur, c'était la plaine en pente du Taoumé, où nos pièges étaient tendus.
A gauche du Jardinier, la barre, bordée de pins et de chênes-verts, marquait le bord du ciel.
Ce paysage, que j'avais toujours vu trembler sous le soleil, dans l'air dansant des chaudes journées, était maintenant figé, comme une immense crèche de carton.
Des nuages violets passaient sur nos têtes, et la lumière bleuâtre baissait de minute en minute, comme celle d'une lampe qui meurt.
Je n'avais pas peur, mais je sentais une inquiétude étrange, une angoisse profonde, animale.
Les parfums de la colline - et surtout celui des lavandes - étaient devenus des odeurs, et montaient du sol, presque visibles.